C'est très tard en ce mois de juillet que je reprends le clavier pour écrire une nouvelle note sur ce blog. Juste par manque de temps. Surement par manque d' inspiration. Pourtant, deux sujets d' actualité chaude m' ont bien occupé ces derniers temps, sans pour autant qu' il y est nécessairement matière a en disserter pendant trois heures. La première touche à une manifestation purement rouennaise, ils' agit de l' Armada 2008, de son succès et de ses tribulations. La deuxième est interressante pour le devenir de la langue bretonne, il s' agit de la réforme constitutionnelle votée en Congrès à Versailles il y a 6 jours. En voici les détails commentés.
5 juillet 2008. Voici une date que beaucoup de rouennais attendaient avec impatience. Le début de l' Armada, la plus grande concentration au monde de grands voiliers et de bateaux de guerre. C'est la cinquième édition, et ça se passe toujours à Rouen. Les quais se transforment, la ville se transforme. Un véritable esprit marin, un esprit de fête, s' empare de la traquilité de la capitale Normande. La dernière édition, celle de 2004, avait attiré plusieurs centaines de milliers de personnes, et bien sur, le record est à battre cette année. L' évenement fut magnifique de bout en bout, si ce n' est que la pluie à jouer plus d' une fois les troubles fête, sans pour autant la gâcher. Pourtant, l' ombre de l' incertitude plane sur l' Armada. Elle provient de l' Hotel de ville de Rouen. La nouvelle maire, Valérie Fourneyron, fraichement élue, n' en était pas à son coup d' essai. Le mois précédent, elle avait defrayé la chronique, en annonçant que la médiathèque en construction dans le quartier Grammont allait être abandonnée et détruite. Des millions d' euros jetés par les fenêtres, des années d' études réduites à néant... Juste pour détruire un projet porté par " l' autre camp " du conseil municipal anciennement à la tête de la ville. Et bien, voici que cette chère madame Fourneyron s' attaque à la plus grande fierté des rouennais : l' Armada, seule manifestation de renommée mondiale de la région. Pour elle, cette édition 2008 devait être la dernière : trop coûteuse, l' Armada ruine la ville... sic... Certes, l' Armada, organisée tout les 5 ans par l' association "Armada de la Liberté", est un investissement certains pour la ville. Mais à côté de ça, il faut surtout voir les retombées sur l' économie locale, sans oublier la dynamique culturelle qu' elle engendre. Sauf que pour le coup, cette annonce n' est pas passée inapperçue. Laurent Fabius, chef de file de la gauche locale, grand ami de madame Fourneyron, s' est empressé d' assurer, lors d' une soirée privée sur le navire "Atlantis", que cette édition ne serait pas la dernière. Revers pour le maire de Rouen. Pour couronner le tout, Patrick Herr, instigateur originel de l' Armada, a annoncé qu' il se retirait de l' organisation de l' édition de 2013. Ces deux raisons ont poussé Valérie Fourneyron a être nettement moins catégorique. C'est donc un espoir qui éclaircit le ciel sombre de l' avenir de l' Armada. Les chiffres de l' édition 2008 sont tombés cette semaine, les hotels, auberges et restaurant ont affiché un taux de remplissage de 95% sur la période 5-14 juillet. Les visiteurs étaient encore plus nombreux que la fois précédente. L' Armada continue de monter en puissance.
Voir aussi "Tapis Volant #24 : À la découverte de Rouen... Les Armadas"
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Mardi 22 juillet avait lieu, au château de Versailles, le Congrès qui a dû statuer sur l' avenir du projet de modification constitutionnelle relatif à la modernisation des institutions. Ce qui surtout interessant ici est l' introduction d' un article 75-1 qui dispose que "Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France". L' ajout d' un tel article avait pourtant suscité un mois plus tôt une véritable polémique dans les milieux parlementaires. En effet, l' ajout à l' article 1 de l' intitulé ci-dessus avait provoqué une véritable levée de boucliers... "Vous vous rendez compte ! C' est une véritable regression pour la langue française !" avait declaré l' Académie Française, reprise en coeur par le jacobinisme des médias parisiens... Et bien cet article 75-1 est désormais ici, que celà leur plaise ou non. Le tout est maintenant de savoir si une telle règle de droit à juste une portée déclarative, ou une réelle force obligatoire. Et là c'est pas gagné. Je pense surtout que cette phrase anodine, conotée de passéisme et de colonialisme, a été inséré comme pure mesure decorative, faisant pencher quelques voix de parlementaires en faveur de la révision. Y aura-t-il des crédits supplémentaires accordés à des organismes tels que l' Ofis ar brezhoneg, qui oeuvrent pour la preservation de ces "langues régionales" ? Des actions concrètes pour développer leur utilisation seront-elles facilitées ? J' en doute fortement. Le seul texte valable à l' heure actuelle est la Charte Européenne des langues minoritaires, signée par la France, mais dont la ratification a été empéchée par le Conseil Constitutionnel, sous motif d' inconstitutionnalité aux termes de l' article 2 de cette bonne vieille Constitution de 1958. Et bien, les pouvoirs publics ont toutes les cartes en main pour faire de grandes choses désormais... so, wait and see.